Poèmes collapsologiques

 

Victor Martinez

 

Publié en avril 2020

Collapsologie : le mot est lâché. A-t-on mesuré l’ampleur des faits qu’il recouvre ? Le collapse commence ici et maintenant, dans la pseudo- normalité de la vie quotidienne, dans l’âme meurtrie des vivants. Écrits à l’automne 2018, ces poèmes sont une chronique du présent : écocide, apartheid social, violence et lâcheté de tout ce qui se targue d’un pouvoir économique, politique, médiatique ou intellectuel. Autant de signatures d’époque qui constituent un livre de l’infamie contemporaine.

Mais ces poèmes collapsologiques sont aussi un livre des transformations dans lequel hommage est rendu, explicite ou implicite, à des vivants, à des actions, à des valeurs et à des œuvres qui travaillent à la préservation et à la perpétuation de la vie.

 

 

Tu prendras un bon Junker

C’est un motoculteur il 

permet de casser les mottes 

et de défoncer

sur 40 cm

le fond de planète en trop 

on est direct

sur le vide

bien que

des résidus y résident donc 

encore

mais

quelle joie

de l’aboi de la terre quand 

dans son pli décharné

ou pulvérulent qu’importe 

il y choit

le germe patenté 

UE

du nom d’une 

administration 

administra 

tation

de culs blancs

qui

n’ont jamais foulé la vie n’ont

pas sué ou

vécu le soleil immortel celui qui

faisait écrire Aristophane ou Platon non 

l’administration carcérale

dite UE

vend au plus offrant

la 6e extinction par

ce que c’est monnayable

selon la trinité schumanienne

robert on allait t’oublier

et qu’ensuite

qui résiste

n’aura qu’à intégrer

la belle vie administrative

de l’endive

de part et d’autre

équivaloir su

des barreaux

et leurs agences

du discours préempté

et voilà qui ira droit.