Qu'allons-nous faire de nos colères ?

Journal 2013 / 2017

 

Eric Chevance

 

A paraître en avril 2020

Rassemblés ici sous la forme du journal, ces textes écrits entre 2013 et 2017 pour être initialement publiés sur un réseau social, pourraient n’être qu’un florilège de billets d’humeur, une chronique de notre temps, des questions et controverses qui l’ont agité.

Mais plus ou mieux que cela, ce recueil, récit au quotidien des luttes sociales et politiques d’une partie de la décennie passée, dresse un inventaire implacable des violences faites aux plus démunis, les sans logis, les sans-emploi, les sans-avenir, les sans-voix.

Au gré des indignations et des colères de l’auteur, parfois de ses bonheurs, ce journal trace en filigrane le portrait d’un citoyen et l’itinéraire d’un engagement.

 

L'extrait

 

9 février 2017,

Il y a 6 ans déjà, en 2011, atterrés par l’ état du monde et l’ incurie de nos dirigeants, avec plusieurs membres de l’association Artfactories / Autre(s)pARTs, nous avons entamé un débat informel, par mail. Je viens de relire ces échanges et nous pourrions les reprendre aujourd’ hui mot pour mot.

On pouvait y lire des choses comme celle-ci : « L'avalanche de toutes ces nouvelles immondes me satellise... Je les déteste de m'empêcher de penser. Ils m'obligent à faire de moi un crétin qui n'a que l'idée de les voir disparaître. » (Yves Fravega) ; ou comme celle-là : « La montée d'une colère sociale, doublée de son impuissance à se donner à elle-même sa propre fin (...) m' inquiète au plus haut point. » (Jules Desgoutte). Mais ce qui me reste avant tout de ces contributions a été formulé par Philippe Foulquié : « Qu’allons-nous faire de nos colères ? » Car c’est bien de colère qu’ il s’agit. (...)

Ces colères, je ne suis pas le seul à les éprouver, à les contenir souvent, à les laisser exploser parfois. Elles ne s’épuiseront pas, je le sais, dans les urnes de ce printemps et dans l’accession au pouvoir d’un nouvel homme providentiel, quel qu’il soit. Alors qu’allons-nous en faire ? Peut-être éclateront-elles, peut-être ex- primeront-elles d’abord nos craintes, nos peurs et nos indignations, pour ensuite se transformer, porter nos espoirs, et nous amener à rendre le monde un peu plus supportable...

Ferons-nous de nos colères des armes pour combattre l’ ignominie et des outils pour bâtir un avenir décent à nos enfants ?