J'ai pas vu le départ arriver 

convoi exceptionnel 2.

 

Brigitte Comard

 

Publié en octobre 2019

 

Imaginez un groupe composé d’artistes et d’habitants, partageant cinq jours pour vivre ensemble un voyage extraordinaire. 

Une expédition collective, pas très loin de chez eux, une virée joyeuse et généreuse pour déplacer le regard sur notre quotidien, sur ce qui nous entoure. 

 

En 2018, Brigitte Comard a poursuivi l’expérience de cette résidence d’écriture atypique entamée l’année précédente avec le Bruit du frigo. Elle est donc repartie en voyage.

 

Ce texte est le récit de ce deuxième Convoi Exceptionnel entre Bordeaux Bacalan, Sainte-Foy-La-Grande et La Rochelle.

 

"C’était une robe rouge sang. Une robe de princesse, elle a dit. Une robe de diva, j’ai dit. Un fourreau fermé, verrouillé, un corset scellé par un laçage dans le dos et entièrement incrusté de paillettes et de strass rouges, des empiècements de manches en tulle rouge aussi, jusqu’aux poignets également incrustés de paillettes et de strass. Du fourreau qui allait jusqu’à mi-cuisses, dévalait un bouillon de taffetas ramassé en vagues jusqu’aux pieds, parsemé d’ailettes cousues de verroteries brillantes et rouges.

 

C’était une armure. Une vieille armure d’un combat ancien et désolé. Un vêtement trans. Transfrontalier, transmigratoire, transcendant. Trop grand, trop lourd, trop rouge. Trop vieux.

C’était le vêtement parfait, une allégorie de la vie, du monde, de l’époque. De moi. Le vêtement de la fragilité, de la force, de la dérision, de la dignité. Un vêtement à se tenir debout dans un éclat de rire."